Un coin de Provence, entre Monts de Vaucluse et Lubéron.
Des instants saisis au fil des jours d’été, de l’aube à la nuit noire.
soleil à peine levé – la lavande déjà bourdonne
une montgolfière silencieusement s’élève dans l’aube fraîche matin de pluie – les cigales font la grasse matinée café du matin face au silence du soleil levant dès l’aurore des silhouettes courbées dans le champ de melons * jour de mistral – plus une seule mouche pour nous agacer herbe sèche – à chacun de nos pas bondissent des criquets piquées dans la toile de mes espadrilles des brindilles d’herbe sèche rangs de vignes – juste le chapeau de paille de l’homme qui sarcle * chaleur l’eau versée dans les verres fait tinter les glaçons fraîcheur midi – ombre immobile des lavandes sur les pierres blanches midi – les cigales pas le moindre espace pour un autre bruit assis sous les chênes au sein de l’incessante stridence des cigales * sieste – chants assourdis des cigales pénombre de la chambre étendu sur le lit un livre pour alibi – l’appel de la sieste à l’heure de la sieste le banc de pierre paraît beaucoup moins dur méridienne – nos chaises abandonnées à l’ombre des pins sieste – le silence soudain des cigales m’a réveillé au sortir de la sieste rouvrant les yeux dans l’ombre bleue des chênes * courses de lézards – remuements de feuilles sèches sous les lavandes distrait un instant et l’immobile lézard déjà disparu ! coup de tonnerre – les cigales soudain muettes d’un coup, d’un seul ! orage d’été – au soleil déjà revenu la route fume * crépuscule – une cigale obstinée chante de plus belle la nuit tombe – après le chant des cigales celui des grenouilles respiration suspendue – murmure de l’arrosage au pied des oliviers soirée de juillet – des chauves souris folles frôlent la terrasse soirée d’été – la chaleur du soleil sort des murs de pierre * lumières du village ancrées sur la colline – Mars monte dans la nuit la nuit s’avance – sur la colline les lumières une à une s’allument lumières sur la colline – le jour on ne voit pas de maisons là-bas cour de gravier blanc – sur les boules de pétanque un rayon de lune mistral dans la nuit – mille et mille bruits inconnus astiquées par le mistral la lune et les étoiles redorées à neuf |
Copyright – Damien Gabriels 2004
(Merci à Henri Chevignard et Michel François Lavaur pour l’idée d‘inscrire les haïkus sur une ligne)