Haïkus – Septembre 2005

le vent est tombé –
insensiblement, la lune
quitte la colline

*

au bord des éteules
les avoines folles
s’inclinent

*

voie lactée –
un petit caillou au fond
de mon espadrille

*

montée du col –
l’ombre d’un papillon
puis le papillon

*

un cheval au trot –
le soleil du matin traverse
la poussière blonde

*

matin de reprise –
par trois fois je recommence
mon nœud de cravate

*

pot de pétunias –
la fourmi fait un tour
dans l’autre sens

*

tondeuse cisailles
le jardin bien dégagé
derrière les oreilles

*

posé sur la vitre
un moucheron regarde
tomber l’averse

*

arrêt
de l’aspirateur –
explosion de silence

*

dix cents dans sa casquette
la calvitie bronzée
de l’accordéoniste

*

une odeur de menthe
après la passe manquée –
foot au jardin

*

averse d’orage –
un parapluie slalome
entre les parasols

*

août pluvieux –
les tomates vertes
continuent de verdir

veilleur solitaire –
un tournesol au milieu
du champ de betteraves

*

nouvelles chaussures –
de nouveau attentif
au bruit de mes pas

*

pelouse tondue –
de petits brins d’herbe
jusque dans la chambre

*

jardin à l’abandon –
une poignée de mûres
volées aux oiseaux

*

aucune écume
sur la crête des vagues –
plage déserte

*

dossier à finir –
un petit nuage blanc
glisse à la fenêtre

*

comité de crédits –
un jour de lumière grise
derrière les stores

*

sous l’arche du pont
les pavés de grès ronds
de l’ancienne route

*

arc-en-ciel double –
ils restent scotchés devant
la série télé

*

bruyante palabre –
un groupe d’étourneaux
occupe l’antenne

*

footing tout terrain –
des gratterons accrochés
à mes chaussettes

*

fin d’été –
une glace au parfum
de fleur d’oranger

*

sursaut –
le sabot d’un cheval
glisse sur le pavé

(C) Damien Gabriels – Juillet/Août 2005