Pour découvrir l’histoire du haïku français au travers
- De l’article de Jean-Richard Bloch dans Europe de juillet 1924
- De l’article de Cahiers du Sud du 1er semestre 1951
La vogue actuelle du haïku en Occident, notamment favorisée par le développement d’Internet, ne doit pas faire oublier que cette poésie est connue et pratiquée en France (pour parler plus particulièrement du haïku français) depuis plus d’un siècle.
C’est en effet en juillet 1903 que paraît la première publication (hors commerce) de haï-kaï (comme on le disait à l’époque) français : une petite brochure intitulée « Au fil de l’eau », due à 3 auteurs : Paul Louis Couchoud, Albert Poncin et André Faure.
Sans retracer l’histoire du haïku en France – cf. en bas de page des sources à consulter à ce sujet – j’ai souhaité présenter dans ces pages des textes disponibles jusqu’ici uniquement en revues et qui illustrent la perception du haïku en France (fond et forme, traductions) à 2 époques où l’intérêt pour le genre se développe et/ou renaît :
1/ Les années 1920 avec la contribution de Jean-Richard Bloch
La pratique du haïku en français connaît en effet un essor très marqué dans les années 1920 et 1930, avec la publication de nombre d’articles et de textes (notamment dans des revues telles que la NRF, Le Pampre ou la Revue de Paris), et l’intérêt que lui portèrent de nombreux auteurs (J. Vocance, JR Bloch, J. Paulhan, P. Eluard, P. Claudel, R. Maublanc, …).
Parmi ces derniers, il semble que Jean-Richard Bloch* ait joué un rôle important, en étant notamment à l’initiative de la publication d’une « petite anthologie de haï-kaïs français » dans le numéro de septembre 1920 de la NRF. Il m’a donc apparu intéressant de présenter sur ce site trois contributions éclairant l’intérêt de Jean-Richard Bloch pour le haïku :
- 4 extraits de lettres issues de la correspondance entre Jacques Rivière et Jean-Richard Bloch (mars à septembre 1920) ; ces lettres ont été publiées dans le Bulletin de l’Association des Amis de Jacques Rivière et Alain-Fournier (n° 71/72/73 – 1994)
- « Pour le haï-kaï français » : un article de Jean-Richard Bloch paru dans la revue Europe de juillet 1924. Cet article fait écho aux haï-kaï publiés par René Maublanc et à son article de 1923 dans la revue Le Pampre. On y notera notamment que les discussions quant aux aspects de forme du haïku en français ne datent pas d’aujourd’hui … (article repris en intégralité et publié avec l’aimable autorisation de la revue Europe : accès à l’article)
- « les moments poétiques de Jean-Richard Bloch » de Tivadar Gorilovics, publié dans la Revue d’Etudes Françaises (n° 7 – 2002). L’auteur, professeur de littérature française contemporaine à l’Université Lajos-Kossuth, Debrecen (Hongrie), est membre de l’Association des Etudes Jean-Richard Bloch. L’objet de cet article est de présenter le « poète » Jean-Richard Bloch ; l’extrait que je reprends ici concerne uniquement le passage relatif au haï-kaï. (article signalé par André Duhaime ; pour retrouver le texte intégral : cliquez ici).
A lire également en complément un article d’André Duhaime : « Haikais et outas de Jean-Richard Bloch et Jean-Aubert Loranger ». (Jean-Aubert Loranger, poète et écrivain québécois – 1896-1942)
2/ Les années 1950 avec l’article « Le Haïku, poème des saisons » publié par Conrad Meili dans la Revue « Cahiers du Sud » daté du 1er semestre 1951 (n° 305) – Accès à l’article
Cette publication intervient à un moment où, après une phase d’absence quasi-totale du paysage littéraire occidental, le haïku amorce son retour, notamment avec la publication par Reginald Horace Blyth des 4 tomes de son ouvrage « Haiku » (1er tome publié en 1949).
Cet article a été écrit par Conrad Meili (1895 – 1969), peintre suisse et mari de la femme de lettres franco-japonaise Kikou Yamata (1897 – 1975) : j’en ai repris les passages consacrés par l’auteur à la technique du haïku, ainsi que la sélection de textes d’auteurs « classiques » et (alors) contemporains qui font suite à l’article (haïkus choisis et traduits par Conrad Meili). Les passages non cités ont trait à l’historique du haïku et aux biographies de Bashô, Buson, Issa et Shiki, ainsi qu’à quelques développements techniques sur les syllabes en japonais.
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Plusieurs pistes pour approfondir de façon plus précise et détaillée l’ensemble de l’histoire du haïku français :
1 – le site Terebess Asia Online (TAO) qui présente des articles de référence sur le sujet, tels que :
- « Haï-kaïs » de Jean Paulhan (NRF du 1er septembre 1920)
- « Le Haïkaï français – Bibliographie et Anthologie par René Maublanc » (Revue Le Pampre de 1923)
On y trouvera également des haïku de différents auteurs : Julien Vocance, Jean Paulhan, Paul Claudel, Paul-Louis Couchoud, …
2 – l’article de Patrick Blanche « Simple coup d’œil sur le haïku en France », paru dans « Le haïku et la forme brève en poésie française » (actes du colloque du 2 décembre 1989 réunis par André Delteil – Nouvelle édition en 2001 par les Publications de l’Université de Provence).
3 – « l’avant-lire » de Jean Antonini intitulé « Le haïku français », en introduction à « L’anthologie du HAÏKU en France » (Aléas Editeur – juin 2003)
4 – la préface de « Au fil de l’eau – Les premiers haïkus français » (Editions Mille et Nuits – 2003), préface d’Eric Dussert et intitulée « Brève histoire des haïjins de France »
5 – Les débuts de la poésie japonaise en France, une contribution très intéressante de J. Dubois.
6 – un article de Dominique Viart : « La poésie française, le haïku et le sens de la précarité » publié dans la Revue des Sciences Humaines (n° 282 – Avril/Juin 2007)
En complément de cet aperçu, il faut également signaler un article d’André Duhaime, publié dans la revue Haïkaï, sur les origines du haiku au Québec : « Début du haiku en Amérique » (31/03/2006).
* Jean-Richard Bloch (1884 – 1947), écrivain et poète, homme de revue (NRF, Europe, Clarté, etc.), militant politique (compagnon puis membre du PC, antifasciste) est le type même de l’intellectuel engagé de la 1ère moitié du XXème siècle. Ami de Romain Rolland, il est l’un des fondateurs de la Revue Europe en 1923, revue qu’il dirigea brièvement à compter de 1946. A noter qu’Europe existe toujours : accès au site de la revue.